Apparence

- Monsieur Mordoh ne va pas tarder, veuillez patienter.

Le jeune vampire, tout fraîchement avocat, attendit dans le bureau avec peu de décoration mais du mobilier de valeur et du confort jusque dans les chaises et fauteuils pour les invités, sans parler du fauteuil derrière le bureau immense, on devait se sentir petit là dedans…

- Bonsoir.

Ou pas… ses yeux s’écarquillèrent en faisant face à un mastodonte, et c’était peu de le dire. Il fallait dire que Monsieur Mordoh était un roc massif, haut d’1m91 mais d’une largeur ! Il devait pouvoir facilement porter 4 gaillards sur ses larges épaules. Et le bruit des pas qu’il fit jusqu’à son bureau ! Il ne cachait pas son poids, il jouait clairement de l’effet d’un pas pesant d’un homme de 128 kilos prêt à tout écraser sur son passage, littéralement. Et si le tissu du beau costume fait sur mesure en conséquence pour une morphologie peu commune semblait étroit à certains endroits, ce n’était pas à cause de la graisse. Loin de là, ce qu’il y avait en-dessous était dur, du muscle d’une épaisseur qu’il n’y aurait qu’à la tronçonneuse qu’on arriverait à découper les piliers lui servant de bras et de jambes, et encore, une très bonne tronçonneuse. Quelqu’un avait peut-être essayé d’ailleurs, l’avocat réputé arborait des cicatrices disgracieuses selon les goûts. Deux barraient son visage en haut à gauche, la plus grande partant du milieu front, passant sous l’oeil gauche et finissant à la fin de la joue gauche. Que dirait le petit nouveau s’il voyait celles sur son torse, encore plus profondes. Il tournerait peut-être bien de l’oeil.  

Et pourtant, aussi massif qu’il l’était, en plus de sa solidité, l’avocat dégageait l’aura d’un homme soigné. Ses cheveux mi-longs, blonds, sont entretenus, attachés en une demie queue pour dégager sa vue, juste deux mèches soigneusement gardées de chaque côté. Ses sourcils épais et plus sombres, tout comme sa barbe, sont bien taillés, pas du tout broussailleux, la peau un beau reflet, l’homme passait du temps dans sa salle de bain et dans les instituts indéniablement. Son regard, d’un noisette clair, était celui d’un homme qui savait des choses,ses lèvres pâles et larges en réalité une plus grande arme que son corps.

- Bon… Bonjour Mon-Monsieur Mor-Mordoh…
- Tu comptes gagner un plaidoyer comme ça gamin ? C’est déjà mort.

Les lèvres s’ouvrirent sur deux rangées parfaites de dents blanches, en un sourire pourtant si acérés, comme si cette mâchoire pouvait à tout moment se transformer en gueule de requin. Il secoua la tête, secouant  et une odeur d’anis se répandit dans la pièce. Le grec croisa ses mains en les posant sur le bureau, révélant un bel anneau en or avec une représentation d’un guerrier sparte. L’homme avait connu la guerre, il appréciait grandement la lutte dont il était un des prestigieux représentants, un cadeau de famille de son frère aîné après sa transformation.

- Et si on passait à ce pourquoi tu es là? J’ai une petite orgie après dans une heure, tu voudras venir? Un petit minet comme toi, ça se croque bien en mise en bouche.

De sa main gauche, le grec attrapa un stylo plume de luxe et une feuille blanche pour ses annotations.

Personnalité

Dunamis a beau être soigné, il ne fait pas dans la dentelle, il ne voit pas l’intérêt de se perdre dans l’amabilité, il se moque bien de froisser quelqu’un en étant trop direct et il préfère les discussions apportant quelque chose que d’être d’un ennui. Et quand il s’ennuie, il ne pensera qu’à une chose, proposer de faire une petite orgie. Ou juste de renvoyer balader l’autre pour qu’il puisse s’occuper dignement. Sauf s’il est tenu de prendre sur lui, surtout quand il s’agit du Conseil, il aura tendance à paraître plutôt détaché et en retrait, juste parce que ça ne l’intéresse pas plus que cela et qu’il a développé un côté multitâche, faire autre chose juste en tendant une oreille, c’est un peu sa spécialité. Mais il suit, l’air de rien, et est tout à fait capable de répondre même quand il semblait absorber à faire autre chose. Il a des facilités intellectuelles, clairement, et elles lui sont fort utiles dans le cadre de son travail. Il cultive son savoir, il a développé une mémoire phénoménale,tant que cela touche un sujet qui lui importe, le reste il s’en fiche et il sait bien le montrer. Pour lui, peu importe qui il défend, il doit gagner, tous les moyens sont bons, même les plus ignobles, il en a gagné cette réputation de requin des barreaux. Il s’amuse même parfois à prendre une position inattendue, il a après tout des critères bien à lui. Quelqu’un qui a fait quelque chose contre la loi n’a pas le droit d’attendre la protection de cette dernière quand ça l’arrange et qu’il a subi un préjudice. Il sait où est le pouvoir, il est pour la supériorité des vampires, et il sait être sans coeur pour défendre ces derniers et ses propres intérêts.

Ce n’est pas un homme à s’embarrasser de ce qui l’indiffère, et il se débarrasse vite fait des choses et gens qui ne sont qu’un tas de poussière insignifiant pour lui. En toute légalité bien entendu… Après tout, les lois sont sa bible et il en connaît les moindres failles. On joue et on jette. Et il est très joueur dans son genre, qui arrive à l’amuser a plus de chance de le côtoyer et peut-être de s’approcher plus de lui. Attention cela dit aux jeux plaisants à l’avocat. Pour l’apprécier, il faut prendre le temps de le connaître en dehors de son travail mais les gens s’arrêtent souvent à cette facette là, il a donc peu d’amis. Le côté cruel et sans coeur disparaît pour un grand gaillard plaisantant à tout va, bien porter sur le sexe, et qui répond toujours présent. Il a en réalité plutôt un assez bon fond, une gentillesse bien à lui et est très protecteur. Il tutoie toujours les plus jeunes que lui, une image paternelle qui cela dit n’hésite pas à donner des bonnes petites leçons, une bonne fessée s’il le faut et même plus quitte à en profiter avec plus de sueurs, de gémissements, de cris….

Dunamis a une vie bien remplie en dehors de son travail. Oh il y a les orgies, la lutte, le sexe, les petits jeux vidéos type solitaire, puissance 4, bataille navale, les orgies, la lecture de tout ce qui touche la justice, autant antique que moderne. Il a une collection chez lui incroyable de textes de lois, qu’il faudrait un gps créé rien que pour sa bibliothèque pour s’y retrouver et encore. Il y a perdu plusieurs fois Vice ou encore ses frangins. Enfin, ses occupations, donc on a… les tours chez le coiffeur ou l’institut de beauté, oui, oui et quand il était avec Vice, ils prenaient toujours leurs rdv à deux, super pour papoter en se faisant bichonner, perdre une main sur le postérieur de l’esthéticien. Le sexe. Un bon petit vin, français, pas italien ça non ! Ou l’Ouzo, un grand friand. Soumettre des vilains garçons. S’en débarrasser ou garder pour du sexe à la maison. La calligraphie, il a une belle écriture manuscrite, une grande collection de porte-plume et d’encres de chine diverses, du papier épais et faisant ancien. Il remet aux éditions ses propres articles juridiques écrits à la main au porte-plume sur ce beau papier, ou il recopie des exemplaires de lois précieux à ses yeux pour faire ses propres recueils… Les orgies. Assister à des défilés, pour des idées de nouveaux costumes, oh et y a toujours moyen de trouver un coup par ci par là. Et il a un petit faible pour tous les gadgets bizarres et drôles coquins, il commande même pas mal au Japon pour ça.

Et dans ce que Monsieur le Grec n’aime pas, c’est les arabes, surtout les turcs et encore plus les métis, quelle idée d’aller se mélanger avec ça ! Ça ne devrait pas exister. Il a vécu un vrai calvaire au mariage de Vice, à faire des pieds et des mains pour qu’il ait droit à un petit serveur blanc et à jeter des cacahuètes sur les autres pour les tenir à distance. Il n’est pas friand du tout des tâches ménagères ni de cuisiner. Quand il est seul, il se contente de sang, et fait venir un homme de ménage. S’il a un esclave, il s’y colle bien sûr, pour nettoyer, la cuisine pas besoin. S’il veut vraiment quelque chose de gourmet à se mettre sur la langue il sait à quelle porte il doit aller frapper. Il y a un bruit particulier qui ne supporte pas, celui d’un homme frottant un ongle contre l’autre, ça le fait grogner et il est du genre à attraper le premier ciseau pour tout couper illico, les ongles hein, pas les doigts. Il devrait peut-être faire une loi là-dessus….

Histoire

A la lueur douce et chaleureuse de la lampe de son bureau, dans sa grande bibliothèque, Dunamis ouvrit un de ses tiroirs pour regarder dans le présentoir d’un beau bois en merisier pour choisir un beau porte-plume d’un bleu nuit marbré. Plusieurs pages épaissies, vierges étaient posées devant lui. Il déboucha le pot d’enchre de chine noir qui trônait juste à côté et il se mit alors à écrire, et pendant quelques minutes, seul les bruits de la plume grattant sur le papier, du porte-plume contre le rebord du pot d’encre, ou de la pluie contre la fenêtre à chaque rafale de vent régnèrent dans la pièce.

« Ma vie a commencé un 02 juin 1906 à Rhodes, dans une des grandes familles connues ici depuis plusieurs générations, les Mordoh. Pour anecdote, il semblerait que notre tout premier ancêtre était un des ouvriers ayant participé à la réalisation du colosse de Rhodes. Peut-être pour cela que dans la famille, de grands gaillards, gros, musclés, c’est une marque de fabrique. Je suis le petit dernier qui l’aurait cru, ahah, un aîné qui a 5 ans de plus et le second un an de plus, respectivement Dareios et Yiannis. Je ne me rappelle pas vraiment de mon enfance, c’est qu’elle a été heureuse, juste de longs moments à apprendre la Lutte, lire beaucoup, et ah si il paraît que j’allais tabasser les autres gamins de notre âge qui faisaient des conneries dans le quartier. Ça doit être vrai, c’est mon genre.  Un petit avocat en culotte courte qui faisait la loi avec ses poings, c’était un début, bien fracassant me direz-vous. J’ai eu mon certificat, j’ai eu droit à des études, je suis devenu avocat de mon temps humain. Je ne me suis pas marié, mes deux frères s’en sont chargés, je n’avais pas à me soucier de ça ni d’avoir de la descendance, dès le début, j’aimais manger à tous les râteliers, homme ou femme. Enfin, jusqu’à la seconde guerre mondiale, ah là, j’ai finit avec la bague au doigt. Je l’ai faite, j’avais 34 ans, j’ai finit gravement blesser, toutes mes cicatrices viennent de là. Comment c’est arrivé exactement? Je garde ça pour moi. Bref, j’ai eu droit à une jolie pouliche brune avec de grands yeux bleus, une infirmière française, une sacrée coquine, et un corps… Aphrodite en serait jalouse. Disons que j’ai vite passé plus du temps dans la grange à côté que sur ma civière, et que ma période de guérison s’est drôlement allongée. Un gamin dès la première année, un petit mariage vite fait, parce que bon, cette pouliche, je ne pouvais pas la laisser dans l’embarras. Et voilà pourquoi vous pouvez trouver encore des petits Mordoh en France, c’est de moi ça! »

L’écran de son portable s’alluma, Dunamis leva les yeux pour regarder le message et il eut un sourire en voyant la confirmation pour l’heure prévue ce soir. Il reposa son porte-plume le temps d’assurer qu’il serait bien présent, et avec un jouet en compagnie. Tic tic… Le porte-plume tapotant le fond du pot d’encre de chine et il reprit alors.

« Mais j’ai finit par prendre les voiles,  de retour au bercail en Grèce, à laisser la belle pouliche avec quatre gosses, oui nous avons été productifs, et je me suis toujours occupé de lui envoyer de l’argent, même après ma transformation. Qui arriva juste un an plus tard. Le tableau de la situation, je suis rentré, les parents décédés, Yiannis et sa petite famille mais Dareios qui avait disparu depuis 3 ans. C’était ce qu’on croyait mais en fait, il veillait comme il pouvait sur nous de loin. Il a été là quand, décidant de sortir m’amuser de nuit avec un libertin du coin, en pleine période de guerre civile, je suis tombé sur des hommes du Colonel qui voulaient prendre le pouvoir, et ils m’ont pris pour un de leur ennemi. J’ai finit mourant dans la rue, jusqu’à ce qu’une ombre ne me kidnappe. Dareios était devenu vampire durant la seconde guerre mondiale, et il m’a récupéré et transformé. On est resté cacher dans la maison abandonnée que les gamins du coin croyaient maudites. Ça n’a pas été facile en changement de vie, mais on s’y est tous fait au final. J’avais quelques amants et amantes ci et là qui ne posaient pas trop de questions , un qui savait mon secret mais s’il parlait, il savait ce qu’il risquait et il nous laissa sa petite maison de famille. Il y gagnait, il se faisait bien baiser par deux Mordoh, puis trois quand Yiannis nous rejoignit, à ses 48 ans. Parfois, on s’amusait à hypnotiser les beaux petits jeunes, hommes et femmes, et on se faisait une orgie dans la maison. C’était marrant. Après, vous connaissez l’histoire, la guerre des Races. Oui, j’y ai participé, juste pour me charger les humains insoumis qui croisaient mon chemin, pas de chance mais c’est le jeu ma pauvre Lucette. J’ai plus participé à l’après guerre, c’était bien beau de tout renversé et mettre à bas les humains mais, il fallait reconstruire derrière. J’ai élaboré avec un petit nombre les nouvelles lois et nouveaux ordres de pouvoirs en Europe, le leader m’en aime toujours autant pour ça. J’ai fait ma petite vie bien tranquille à Rhodes par la suite, des tours à Athènes ou d’autres capitales au besoin, avocat qui en a fait couler de l’encre aussi et couler des larmes aussi ahah. J’avais mon petit rythme de vie tranquille, grasse matinée, quitte à travailler surtout tard, toujurs des corps à se mettre sous les crocs et les mains tous les jours. Puis j’ai rencontré Vice, un adepte d’orgie, on a baisé, on a eu à travailler ensemble sur un projet, on a rebaisé. On a mangé, on a bu, on a rebaisé. On a commencé à faire de la lutte ensemble. On a baisé. Et on est devenu pote. On a baisé. On a voyagé. On a rencontré du monde. Genre Duncan Kennedy. Un bon pote et surtout pour Vice. On a baisé. A deux. A plusieurs. On a utilisé le mot amant… même à parler de couple. On a baisé. Ensemble. En orgie. Et en fait, ça n’a pas été plus loin. Et comme de bons adultes responsables, ça s’est fait tout seul et on est de très très bons amis.  Au point que j’ai accepté de venir aider Vice qui était parti lui aux USA pour aider Dorian… Une belle connerie que j’ai fait. Mais hé, si je l’avais laissé seul, ça aurait été une catastrophe. Enfin, ça l’est quand même un peu mais pas ce que j’aurai cru. Le Vice qui a finit marié… papa et leader des USA. Il a trouvé sa pouliche, au moins, Vice a d’excellents goûts. Ah la vie, elle réserve des surprises mais moi ça va, j’ai juste ma vie tranquille comme je la veux, bon, juste à devoir me lever pour le Conseil. Je vais proposer à Duncan une petite gâterie pour le faire changer d’avis… mais pour l’heure, une petite orgie m’attend ce soir, ce sera donc tout ce que vous, petits curieux, pourraient savoir sur ma vie. »

Dunamis attrapa un mouchoir de la boîte en bois prévu à cet effet posée sur son bureau et en essuya son porte-plume avant de le ranger dans le tiroir. Il referma l’encrier, souffla sur les trois papiers qu’il lui avait fallu. Il s’occuperait plus tard d’en faire un petit recueil avec des liens en cuir marron. Il avait entendu dire que le fameux Dédé voulait l’interviewer. Voilà ce qui lui simplifierait la vie. Il lui donnerait le recueil. Il se leva, pour quitter le bureau et on put alors entendre sa voix s’élever.

- Hé Nounours ! Je sors ce soir, je t’emmène avec moi. Muselière, cuir et laisse. T’as voulu me mordre, plusieurs queues dans le cul devraient te calmer. Je suis sûr que tu vas adorer.